• PERDRE UN FILS

                                                                                          Nos Petits Anges au Paradis - Deuil Périnatal - #DeuilPérinatal Soutien:  www.nospetitsangesauparadis.com | Facebook

     

    PERDRE UN FILS

    Tu me laissas si triste, esseulé par ta faute,

    J’avais jadis un fils, or la mort fut si sotte

    Que, t’arrachant de terre avec ses poings sinistres,

    Tu m’abandonnas, seul, dans ce monde de cuistres ;

    Dans ce monde où aimer se brade et se corrompt,

    Dans ce monde où autrui est l’ennemi qu’on rompt,

    Dans ce monde qui crache à la face du Beau

    Et se réjouit quand naît Demain dans son berceau.

    Si le Sort, ce méchant, m’avait laissé le choix,

    J’aurais prié cent fois, plutôt que cet effroi

    De perdre pour toujours un fils  que je pleure,

    Qu’il me plante un poignard en plein milieu du cœur.

    Saignant toutes les plaies saignées par les martyrs,

    Le meilleur me fuyant, c’est direction le pire

    Que mon âme en naufrage aurait tendu sa voile

    Pour voguer, tout là-haut, vers ses sœurs les étoiles !

    J’aurais tout accepté, options au cap multiple,

    Comme un maître se voit servi par ses disciples,

    J’aurais léché les pieds des sales Compromis

    Puis, fouetté par l’Orgueil dont le zèle humilie,

    J’aurais dit au Mépris : « Essuie-toi sur mon front

    Comme le soulier crotté le fait d’un paillasson… »

    Mais voila, rien ne sert de remonter le cours

    Du temps qui s’avançant fait s’écrouler les tours

    Des Babel dont les nains défient l’Immensité,

    Que fait donc au Ciel, puissante éternité,

    Que l’esclave à genoux d’ici-bas se croit prince ?

    Mon fils je t’aimais comme un roi sa Province

    Au mille et un coteau d’un flamboyant été

    Tant tu fus mon soleil, lumière énamourée

    Qui peignait des rayons sur ma morne grimace !

    Jamais de te pleurer mes larmes ne sont lasses,

    Ma détresse est profonde autant que l’est la nuit

    De lune enténébrée et qu’en chauve-souris

    L’Espérance parcourt sans ne jamais trouver

    Une proie à saisir sous son vol effréné !

    Où trouver cette joie qui me manque à présent,

    Coulant sous le carnage, ô mes frères de sang,

    Vous qui êtes les miens, riche et pauvre famille

    Que vêt le beau costume ou l’affreuse guenille ?

    Quand la fraternité a délaissé la Terre

    Ne sommes-nous pas fous de nous faire la guerre

    Tandis qu’enfants dans l’âme et liés par le cœur

    Nous devrions, heureux, chanter d’un même Chœur

    Qu’il n’est de possession digne de persister

    Parmi les astres d’or par Dieu partout semés

    D’une main débonnaire en ces champs d’innocence

    Où croît la Liberté libre d’appartenance ?

    Sur ce globe sans rêve où la folie essaime

    Les clivages maudits de l’antique dilemme,

    Un fils  chaque jour, quelque part, un quidam

    Souffre en sa destinée d’épouvantables drames ;

    Dresse la damnation partout ses échafauds,

    La misère se fait du quotidien l’écho,

    La finance prospère entre bagnes et banques,

    Roulent sur les charniers les chenilles des tanks !

    Dès lors que la colombe est massacrée par l’aigle,

    Compatir n’est-il pas la plus noble des règles ?

    Penser à son prochain souffrant plus qu’à soi-même

    Ne lui fournit-il pas cette preuve qu’on l’aime ?

    Je jette en le tourment ce cri telle une sonde :

    Mon fils je t’aimais plus que tout être au monde !

    Hélas ! Notre Univers est un vaste Océan

    Que la Nécessité, en ses justes courants,

    Fait fluctuer non point vers le sens qu’on désire

    Et où le contingent n’a pas son mot à dire…

    Tu souffrais tellement ! Et l’on n’a rien pu faire

    Pour éteindre ce feu qui consumait tes chairs ;

    Nous-pardonnerais-tu, témoins de ta géhenne,

    Que l’on n’ait pu t’offrir une épaule à tes peines ?

    A mon luth éploré quelques tragiques cordes

    Jouent le miserere d’une miséricorde…

    La poussière et la cendre et la tombe et la croix,

    Le Sublime s’entrouvre au vulgaire qui croit

    Aux sermons du prophète agonisant pourtant

    Du malheur d’être né des autres différent…

    Dès lors, se lamenter exposant ses limites,

    Que cesse l’élégie et que viennent très vite

    Illuminer mes traits, visage du clown triste,

    Les rais d’un bel Azur aux couleurs d’améthyste !

    Que se taise ma voix, que s’assèchent mes larmes,

    Sonnez le glas, chagrin ! Aigreur, rendez les armes !

    Peu importe le nom qu’on ne peut oublier,

    Reste le souvenir d’un fils  qu’on aimait…

    Très bel hommage d'Esperluette

    R.I.P ERIC & CINDY le 8.03.2003


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :